Comme nous l’annoncions dans notre édition du 16 avril, une campagne céréalière moyenne se confirme. Le ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch, vient de le préciser devant la Chambre des représentants. «Hors céréaliculture, toutes les autres composantes de la production agricole évoluent normalement», relève le ministre. Les indicateurs sont en effet au vert pour ce qui est de l’arboriculture fruitière, les rosacées et le maraîchage de primeurs. L’élevage est aussi sécurisé, compte tenu du couvert végétal qui n’a pas pâti du retard des pluies en raison des rosées matinales qui ont sévi durant les mois de janvier à fin mars.
Avec le retour des précipitations dans de nombreuses régions, l’espoir n’est pas perdu. Il est même fort probable que la situation s’améliore avec les pluies de ce mois d’avril qui sont déterminantes pour les céréales. Ces dernières sont en phase de formation des épis et de remplissage des grains. Bien que la céréaliculture ne représente que le cinquième de la production agricole, elle exerce toutefois une grande sensibilité sociale et politique. A tel point qu’elle détermine la croissance économique. Et c’est en prévision de la récolte céréalière que les diverses institutions nationales et internationales ont du revoir à la baisse leur diagnostic de départ.
Excepté des économistes de l’ONU qui annoncent un taux de croissance en 2019 proche de 4%, le HCP, la Banque mondiale et la Banque centrale le situent sous la barre de 3%. Alors que le gouvernement table sur 3,2% sous l’hypothèse d’une production céréalière de 70 millions de quintaux. Pour le moment, le ministre se garde d’avancer un chiffre quant à la moisson attendue.
Mais les indicateurs de la campagne permettent d’en évaluer les perspectives. A commencer par le cumul pluviométrique qui a atteint 284 mm au 22 avril. Il marque ainsi un recul de 12% par rapport à une campagne normale, alors que le taux de remplissage des barrages à usage agricole s’établit à 59%.
Les dernières données du ministère de l’Agriculture font état par ailleurs d’une superficie semée en céréales de 5,5 millions d’hectares dont 9% dans les périmètres irrigués. Avec à la clé la mise en marché de 2,2 millions de quintaux de semences sélectionnées. Il en est de même de 500.000 tonnes d’engrais cédées aux agriculteurs à des prix bonifiés. Et pour préparer la prochaine saison, pas moins de 70.000 ha ont été dédiés à la production de ces semences.
Hors céréaliculture, les autres filières évoluent normalement. Certaines d’entre elles se distinguent déjà des productions en nette augmentation. C’est le cas des agrumes dont la production s’est soldée par un record de 2,6 millions de tonnes. Celle des olives a atteint 1,9 million de tonnes. Et la production du sucre devrait s’établir à 600.000 tonnes, soit une hausse de 8% par rapport à la saison dernière.
A l’export, le chiffre d’affaires réalisé depuis le démarrage de la campagne a atteint 17,4 milliards de DH, en amélioration de 700 millions de DH.
Au 22 avril, le volume des divers produits écoulés sur les marchés extérieurs s’est situé à plus de 1,6 million de tonnes, en hausse de 9%. Il résulte principalement des agrumes et primeurs qui totalisent 1,5 million de tonnes.
A la même date, les primeurs et fruits divers ont réalisé un volume export de 830.000 tonnes, en augmentation de 11%.
Dans l’ensemble, l’agriculture irriguée reste bien orientée. Vu le taux de remplissage des barrages, l’irrigation n’a pas été interrompue. Elle a même été accélérée lors de la période froide. Selon diverses sources, ce sont les périmètres irrigués qui devraient assurer l’essentiel de la récolte céréalière.
Quoi qu’il en soit, «le gouvernement assumera en cas de déficit prononcé», avait confié à L’Economiste le ministre de l’Agriculture. Ceci à travers la mise en place d’un plan de sauvetage de l’élevage et des zones affectées. Sans oublier l’assurance agricole multirisque qui concerne actuellement 1 million d’hectares.