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Charte de l’Investissement : Un an après le lancement... ça cartonne !

1 févr. 2024 L'opinion

Près d’une année après son entrée en vigueur, la Charte de l’Investissement a atteint 2,1 MMDH de subventions en faveur de 166 projets. Un bilan jugé prometteur par le ministère de tutelle. Décryptage avec Zakaria Farahat, Directeur de la communication, de la coopération internationale et des partenariats au Département de Mohcine Jazouli.

Aux confins de Hay Riad, Zakaria Farahat nous a donné rendez-vous dans les locaux flambant neuf du ministère chargé de l'Investissement. A 35 ans, ce diplômé d’Al Akhawayn représente la jeune garde qui entoure le ministre Mohcine Jazouli. 

Depuis novembre 2022, il occupe le poste de Directeur de la communication, de la coopération internationale et des partenariats, et fait partie de la task force chargée de la promotion de la nouvelle Charte de l’Investissement. 

En vigueur depuis le 9 décembre 2022, la loi-cadre 03-22 formant Charte de l'Investissement est une petite révolution pour l’économie marocaine. Par ses multiples primes incitatives (primes communes, sectorielles, territoriales…), le texte est censé redynamiser le secteur privé, pour le transformer en locomotive de l'investissement, à la place de l’Etat qui en assure jusqu’à aujourd’hui les deux tiers. 

D’ici 2027, le privé est appelé à prendre la relève en tirant profit des différentes primes prévues par la Charte, et ce, afin d'augmenter sa part dans l’investissement national à la moitié avant d’en accaparer les deux tiers à l’horizon 2035.  

Un objectif réalisable ? “Il faut y croire”, répond avec enthousiasme Zakaria Farahat, en rappelant la célèbre formule du sélectionneur national Walid Regragui : “Dirou niya”. Une façon de dire que tout est possible pourvu qu’on s’en donne les moyens.  Zakaria Farahat est convaincu que c'est l’essence même de la Charte. 

Jusqu’à présent, on estime qu’on est sur la bonne voie et que la Charte fonctionne. Preuve en est que les investissements privés ont atteint près de 100 MMDH de dirhams en 2022, selon les estimations du département de Mohcine Jazouli. 

Le ministre est, lui aussi, confiant dans la capacité du Maroc à atteindre les objectifs tracés à l’horizon de 2027.    L’effet multiplicateur ?  
Pour sa part, Zakaria Farahat fait état d’un bilan positif qui reflète l’engouement des investisseurs, nationaux et étrangers. 

En témoignent les résultats annoncés à l’issue de la troisième réunion de la Commission Nationale des Investissements, instituée par la nouvelle Charte et qui a tenu, jeudi dernier, sa troisième réunion sous la présidence du Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.  

Une réunion jugée productive, puisque 42 projets d’une valeur de 7,4 MMDH ont été approuvés. Le plus marquant est que 60% des projets en question sont portés par des entreprises marocaines, ce qui confirme le caractère national de la Charte. 

Avec 16.200 emplois visés, les projets approuvés répondent aux objectifs initiaux de la Charte qui vise à répartir équitablement les fruits de l’investissement sur l’ensemble du territoire national, à travers une prime territoriale. Ainsi, 50% des projets sont situés au-delà de l’axe Casablanca-Tanger.  

En plus de la réunion du jeudi, deux réunions ont été tenues au cours de l’année écoulée, sous la présidence du Chef du gouvernement. La première s’est soldée par l’approbation de 21 projets d’une valeur globale de 76,7 milliards de dirhams. Des projets qui devraient créer 5.728 emplois directs et 14.707 emplois indirects.  

A l’issue de la deuxième réunion, tenue en juillet, 19 nouveaux projets ont été approuvés, d’une enveloppe de 31,5 milliards de dirhams. 11.742 emplois directs et 9.280 emplois indirects sont visés. 

Selon les détails livrés par le département de Mohcine Jazouli, les projets approuvés concentrent principalement la mobilité électrique, avec 71% des investissements engagés, soit 22,5 milliards de dirhams. 

De plus, quatre projets d’investissements dans l’écosystème du véhicule électrique se sont vu attribuer le caractère stratégique, avec un potentiel d’investissement de 113,8 milliards de dirhams et 15.720 emplois directs et 100.000 emplois indirects ciblés. 

En somme, depuis octobre 2021, 166 projets, d’une valeur globale de 218 MMDH, ont été approuvés par la Commission nationale. 

77% des projets bénéficiaires sont marocains et devraient créer 110.500 emplois. Le gouvernement a accordé au total 2,1 MMDH de subventions qui, rappelons-le, sont versées par tranche en fonction de l’état d’avancement des projets.

  Quid des IDE ?  

Par ailleurs, en matière d’investissements directs étrangers, la cadence s’annonce satisfaisante pour l’instant, se félicite M. Farahat. Le dernier classement de FDI Intelligence place le Maroc en tête des destinations les plus performantes en termes d’IDE. Un potentiel sur lequel le ministère de tutelle veut capitaliser pour dérouler le tapis rouge aux investisseurs.  

Les perspectives pour les prochaines années sont très bonnes, assure M. Farahat, soulignant que le ministère de tutelle accompagne, en collaboration avec l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportation (AMDIE) et les Centres Régionaux d’Investissement (CRIs), un nombre important de projets de grande envergure, dans différents secteurs d’activité, notamment des investissements dans le secteur automobile, les énergies renouvelables, l’hydrogène vert, etc.  

Sans dévoiler plus de détails pour des raisons de confidentialité, il précise que la concrétisation sur le terrain de ces méga-projets permettra de pousser, dans les années à venir, les IDE à des niveaux inédits. Face aux interlocuteurs étrangers, les négociateurs marocains ne tarissent pas d’arguments, dont celui des accords de libre-échange.  

“Sous la conduite éclairée du Souverain, le Royaume a connu une profonde transformation économique au cours des deux dernières décennies, consolidant sa position en tant que puissance économique et industrielle régionale. Avec un environnement politique et économique stable, un emplacement géographique stratégique, des infrastructures aux meilleurs standards internationaux, une main-d'œuvre hautement qualifiée et des énergies renouvelables parmi les plus compétitives au monde, le Maroc offre une combinaison de facteurs qui en fait une destination attractive pour les investisseurs”, rappelle notre interlocuteur. 

Le Maroc a également l’avantage d’être signataire de plusieurs accords de libre-échange qui donnent un accès à un marché de près de deux milliards et demi de consommateurs, si on inclut la ZLECAf. 

Le Maroc fait partie des rares pays dans le monde qui ont un accord de libre-échange à la fois avec les Etats-Unis et l’Union Européenne. 

“C’est un atout exceptionnel pour attirer les investisseurs étrangers et ainsi capitaliser sur la réorganisation des chaînes de valeurs afin d’attirer sur l’ensemble du territoire des investissements à forte valeur ajoutée et créateurs d’emplois”, se félicite M. Farahat.  (Voir interview dans la page suivante). 

Dans cet entretien, Zakaria Farahat revient sur les détails des projets approuvés et sur les effets de la Charte sur l’attraction des IDE et la promotion de l’internationalisation des entreprises marocaine à l’étranger. 

Voir interview : Entretien avec Zakaria Farahat : « Le fait que le Maroc ait attiré, entre janvier et août 2023, 10 fois plus d’investissements que la moyenne des 10 dernières années est un franc succès » 

Depuis octobre 2021, 116 projets ont été approuvés avec un total de 218 MMDH d’investissements, dont l’essentiel est accaparé par des sociétés marocaines. Force est de constater que celles-ci en portent 77%. 

L’industrie chimique et l’automobile demeurent en pole position en absorbant 35% et 12% des investissements subventionnés.  Arrivent ensuite les secteurs de l’enseignement supérieur, le tourisme, les mines, les énergies renouvelables et les télécoms. 

L’ensemble des projets approuvés depuis le lancement de la Charte devraient créer 110.500 emplois dont 22% dans l’agroalimentaire et 10% dans l’enseignement supérieur. 

Les secteurs du textile, l’industrie automobile et le tourisme ont un potentiel considérable en matière de création d’emplois avec des parts respectives de   9%, 8% et 7,5%. Pour leur part, les énergies renouvelables devraient créer 2,5% des emplois. 
 

La Commission a donné son feu vert à 42 projets d’une valeur de 7,4 milliards de dirhams, dont 60% sont portés par des entreprises marocaines. 

Un constat qui corrobore le caractère national de la Charte qui bénéficie en grande partie aux entreprises nationales, sachant que 77% des investissements approuvés depuis octobre 2021 sont portés par des sociétés marocaines. 
  
En somme, les projets approuvés lors de la 3ème réunion de la Commission nationale sont répartis sur 21 provinces, dont près de la moitié se trouvent en dehors de l’axe Tanger-Casablanca. La métropole est à la tête des régions bénéficiaires (16%), suivie de Tétouan et Agadir qui abritent respectivement 13% et 12% des projets approuvés. 
  
Arrivent ensuite Nouaceur, Kénitra, Berrechid et El Jadida avec des parts respectives de 10%, 8%, 6% et 6%. 

En outre, force est de constater que le gouvernement a décidé de subventionner des projets dans des provinces qui font leur apparition pour la première fois sur la liste. Il s’agit de Ouazzane, Sidi Ifni, M’diq et Inezgane, entre autres… 
  
S’agissant des IDE, ils représentent 60% des projets sélectionnés, 13% viennent du Japon. L’Inde est également l'un des principaux pourvoyeurs d'IDE en question avec la même proportion. 

Ensuite, on trouve les Émirats Arabes Unis, l’Espagne et la France avec des parts respectives de 6%, 5% et 4%. Pour leur part, les investissements chinois constituent 2% des projets approuvés. 
 

Concernant la répartition sectorielle, les investissements approuvés sont fortement concentrés dans l’agroalimentaire qui en absorbe 35%. Le tourisme se positionne remarquablement avec une part de 25%. 

Les investissements y affluent remarquablement vu les perspectives prometteuses de ce secteur qui bénéficie d’une attractivité sans précédent grâce à l’organisation de la Coupe du Monde 2030. 

Pour ce qui est du reste des secteurs, 9% des investissements iront vers des projets de traitement de déchets, tandis que 6% sont destinés au secteur de la logistique. Idem pour le secteur des dispositifs médicaux qui a eu la même proportion. 
  
Pour sa part, l’énergie absorbe 4%, une part similaire à celle du secteur pharmaceutique. Les autres secteurs s’enchaînent comme suit : la Chimie (2%), l’aquaculture (2%), l’automobile (1%), les mines (1%) et la Santé (1%), 
  
Les investissements sélectionnés vont générer 16.200 emplois. L’agroalimentaire accapare 56% du total des emplois ciblés. Les projets touristiques devraient en engendrer 13% et le secteur pharmaceutique 8%. 

Géographiquement parlant, 44% des emplois ciblés sont attendus à Casablanca-Settat, qui concentre 16% des projets approuvés. 

À l’exception de Tanger-Tétouan-Al Hoceima où 20% des emplois potentiels sont attendus, le reste des emplois ciblés est réparti entre les autres régions avec des parts qui varient entre 1% et 13%. 

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