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Coronavirus : Au secours, la PME se meurt !

18 mars 2020 La Nouvelle Tribune

Face à la pandémie du Covid-19, SM le Roi fait de sorte que le Maroc soit au même diapason que nombre de pays de par le monde en termes de mesures de prévention et de protection des personnes par des appels à une forme de confinement, imposant de multiples fermetures d’écoles, de restaurants, de différents lieux publics comme les mosquées, les hamacs, les clubs de sports, mais aussi l’annulation de manifestations et de sensibilisation à la prise de mesures barrières contre le virus !

De même, la prise en charge médicale des personnes infectées est très réactive et efficace alors même que le nombre de cas avérés n’est pas encore très lourd.

Mais l’autre aspect de la pandémie, économique celui-là, est un facteur aggravant.

Il se traduit tout simplement par le gel de l’activité des entreprises dans plusieurs secteurs.

Car c’est bien d’un arrêt global de l’économie qu’il s’agit, caractérisé par l’annulation de toute activité en cours sur le reste de l’année avec arrêt de tout paiement, dont souffre notre pays !

Pour faire face à ces effets économiques et financiers de la crise sanitaire, le Maroc a là encore été très réactif, à travers la décision de SM le Roi Mohamed VI, de la création d’un fonds spécial de 10 milliards de dirhams dédiés d’une part, à la gestion de la pandémie et la prise en charge des dépenses de mise à niveau du dispositif médical et d’autre part, au soutien de l’économie.

Ce dernier a bénéficié d’annonces de contributions en cascade 1,5 milliard de dirhams des régions, un milliard du fonds Hassan II, un milliard du Groupe Bank of Africa, deux milliards d’Al Mada, un milliard de la Banque Populaire, 2 milliards de l’OCP et d’autres encore au point où les 10 milliards de contributions ont été bouclés en moins d’une journée !

Et ce vent de solidarité continuera encore de souffler par d’autres contributions attendues dans les prochains jours, de personnes physiques ou morales.

Par ailleurs, le Ministre de l’Économie et des Finances a mis en place un Comité de Veille Economique pour le Suivi des Répercussions du Corona Virus et l’identification des mesures d’accompagnement, composé des principaux départements ministériels, de la Banque Centrale, du GPBM et de la CGEM, pour déterminer les mesures appropriées d’accompagnement des secteurs impactés.

Les premiers du genre sont le tourisme et l’aérien du fait de l’arrêt de tous les vols entrants et sortants du pays, sauf qu’en réalité toutes les activités sont en berne, de l’OCP aux banques, grands groupes et surtout les PME.

Bank Al-Maghrib de son côté, a également réagi rapidement en annonçant une baisse de son taux directeur de 25 points de base, à 2%, pour une répercussion sur les taux des crédits de financement de l’économie, de même qu’elle va devoir épauler le système bancaire sur qui la répercussion de la crise risque d’être importante par l’augmentation du coût du risque mais aussi par un resserrement des liquidités bancaires.

Mais, n’oublions pas que, acteurs économiques les plus faibles et qui réalisent 90% de l’activité du pays, ce sont les PME qui sont celles qui non seulement subissent sévèrement l’impact de la crise actuelle, mais risquent d’en mourir.

Car, leurs carnets de commandes ont été annulés d’un coup, leur recouvrement réduit à zéro et leur trésorerie anéantie !

Au niveau des PME, il ne s’agit pas de différencier les unes des autres à travers leur secteur d’activité, elles sont toutes, toutes activités confondues, dans la même galère.

D’ailleurs, les grandes entreprises, grands groupes et entreprises publiques, n’ont pas attendu de voir comment les choses vont évoluer, pour annuler leurs commandes aux petites sur le long terme. Pour ne prendre qu’un petit exemple, une grande entreprise publique vient d’annuler ses abonnements de journaux de toute la presse alors qu’il s’agit de très petits montants. Et ce, alors que dans un mois, la crise sera passée pour elle, mais elle aura contribué, de fait, à faire couler ses fournisseurs petites entreprises.

Il s’agit donc d’une urgence pour l’Etat de se préoccuper du sort de ces acteurs économiques les plus faibles, dont la fragilité économique peut les mener très vite au dépôt du bilan.

C’est ce que fait le gouvernement français qui a mis en place un plan de soutien à cette catégorie d’entreprises avec une politique de chômage partiel à travers laquelle il prend en charge tous les salaires à hauteur de 85% pendant cette période de crise.

Puis, tous les crédits des entreprises et autres dettes, y compris les impôts dus, sont suspendus jusqu’à nouvel ordre. Le président Macron a affirmé qu’aucune entreprise ne devrait déposer le bilan faute de trésorerie.

Chez nous, les mesures de soutien à la survie des entreprises se font attendre.

Pourtant les réclamations fusent de toute part. Une des plus significative émane du Conseil national de l’ordre des experts comptables, mais aussi de l’Association Marocaine de la Profession Comptable libérale et de l’Organisation professionnelle des comptables agréés OPCA, dont les clients se constituent de PMEs, de grands groupes cotés ou pas en bourse. Ces experts financiers et comptables ont la capacité, du fait de leur profession, de prendre le pouls de l’économie dans les circonstances actuelles.

Ils sollicitent tous par des écrits au Chef du Gouvernement, des mesures d’atténuation de l’impact économique de la pandémie sous forme de réaménagement du calendrier fiscal de 2020 notamment de déclarations fiscales mensuelles (IR, TVA notamment) et annuelles d’IS pour clôture des comptes à fin 2019.

Mais aussi, ils réclament le soutien aux entreprises, par l’octroi de remises d’impôts et la suspension des versements des cotisations sociales à la CNSS.

D’ailleurs, ils témoignent que leurs clients, marocains et étrangers, ne répondent plus à leurs sollicitations, faisant ainsi défaut à leurs obligations.

De fait, ces derniers sont concentrés sur la survie de leurs entreprises, face aux problèmes de trésorerie qui les étranglent.

Par ailleurs, l’Union Générale des Entreprises et des Professions, demande également le report des délais de dépôts des déclarations fiscales des personnes morales et physiques, et celui des paiements des impôts, taxes et charges sociales et la mise en place avec la CNSS d’un dispositif de chômage partiel simplifié et opérationnel.

Elle attire l’attention sur la situation des TPME petits commerçants, les artisans et autres petites structures qui risquent de fermer boutique.

Par ailleurs, ces voix s’élèvent pour demander également le report de tout contrôle fiscal, social, douanier, ainsi que les éventuels ATD, y afférents et de fait le report des dates butoirs d’amnisties fiscales fixés par la LdF 2020.

Tous s’entendent sur la nécessité de la mise en place en urgence, d’un fonds de soutien pour cette catégorie d’entreprises.

De même que le programme d’appui INTILAKA devrait leur ouvrir ses portes sans condition de création d’entreprises de moins de 5 ans, d’une activité à l’export ou tout autre condition…

Dans l’attente de réponses rapides de l’Etat, l’asphyxie de la PME est le corolaire de la pandémie de Covid-19.

 Il en va donc de la menace de l’effondrement rapide de ce vaste pan des acteurs économiques de notre pays, avec les graves conséquences sociales que cela ne manquerait pas d’entraîner…

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