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Crise économique et sanitaire: La bonne nouvelle, la Chine redémarre

31 mars 2020 L'Economiste

Entre interruption de l’activité, perturbation des échanges commerciaux et mesures de confinement, l’économie internationale est chahutée. La crise éco­nomique et sanitaire met l’ensemble des entreprises sous une intense pression. De quoi pousser Euler Hermes à revoir son scénario macroéconomique pour l’année 2020 dans son étude «Covid-19: L’écono­mie placée en isolement» établi conjoin­tement avec Allianz.

Tout n’est pas noir, certes. Un mois après la mise en oeuvre des mesures de confinement, un tournant a été observé en Chine où l’activité éco­nomique semble redémarrer. Les experts constatent que dans l’ensemble, l’écono­mie chinoise fonctionne toujours à 25% en dessous de son niveau habituel. Ils pré­voient une reprise complète de l’activité économique chinoise d’ici fin avril.

Voici les scénarios:

■ Sans surprise, une récession mon­diale: A la suite de chocs majeurs sur l’offre et la demande, les Etats-Unis et la zone euro vont entrer en récession dans la première moitié de 2020. Cette année, la croissance économique mondiale n’attein­dra que +0,8% (+2,5% en 2019). Elle re­bondirait à 3% en 2021. Pour le commerce mondial, les experts prévoient également un semestre de récession dans le secteur des biens et services, ce qui, annualisé, représenterait -3,7% en 2020. En valeur, la chute du prix des matières premières pèsera sur les prix et les chiffres d’affaires. Un mois de confinement en Europe, aux Etats-Unis et en Chine conduirait à une perte totale à l’export de 317 milliards de dollars. Sur un trimestre, avec un retour progressif à la normale, ce coût représen­terait 700 milliards de dollars.

■ Les secteurs les plus à risque: L’au­tomobile, la construction et l’équipement ménager figurent en tête de liste. Il semble que les produits chimiques, l’électronique, les produits pharmaceutiques et le matériel de transport soient les plus résistants en raison des faibles niveaux d’importations d’Europe de l’Est. En ce qui concerne le risque d’insolvabilité en raison de pro­blèmes d’approvisionnement (parmi les 5 principaux secteurs/pays les plus à risque), quatre secteurs se trouvent en Allemagne: la construction, le papier, l’automobile et l’équipement ménager. Suivi par le secteur de la construction en France.

■ Alerte sur les finances publiques: Les politiques fiscales accommodantes ne vont pas permettre d’éviter des situa­tions de récession techniques. Mais, elles devraient contribuer à absorber efficace­ment le choc actuel. Les réponses fiscales peuvent atteindre 6% du PIB pour aider les entreprises (lignes de crédit pour les PME, moins de taxes) et accroître les aides sociales et l’emploi. Les dettes publiques vont atteindre 100% du PIB en France et en Espagne et 147% du PIB en Italie.

■ Insolvabilité globale: Le nombre de faillites pourrait augmenter de 14% au niveau global. Et pour la 4e année consé­cutive. Ce serait le résultat d’une hausse de 7 à 8% aux Etats-Unis, de 15% en Chine et de 16% en Europe. Le résultat effectif restera, néanmoins, extrêmement dépen­dant de la durée du choc et de l’amplitude des mesures de soutien et de la fermeture potentielle des tribunaux de commerce (ce qui se traduirait par des retards dans l’enre­gistrement des procédures de liquidation et de restructuration).

■ Les entreprises endossent le coup: Les experts constatent que plus de 13.000 PME et MidCaps (7% du total) dans les six plus grands pays de la zone euro risquent de faire faillite après une baisse persis­tante de la rentabilité et de la croissance du chiffre d’affaires. Plus de 500 milliards d’euros de CA (soit 4% du PIB de la zone euro) pourraient être menacés. Les entre­prises à risque sont concentrées dans trois secteurs, à savoir la construction, l’agro-alimentaire et les services. La concentration dans les 5 principaux secteurs est la plus élevée en France (67%) et aux Pays-Bas (67%), suivie de la Belgique (64%), de l’Espagne (63%), de l’Allemagne (57%) et de l’Italie (56%).

■ Aide à l’emploi: Les garanties publiques dans la zone euro atteindront 1.000 milliards d’euros, couvrant le risque de défaut pour 3 ou 4 mois. Une situation de cloisonnement de l’économie aboutis­sant à une baisse de 30% de l’activité va placer beaucoup d’emplois en situation de risque. Près de 65 millions d’employés seraient concernés en Europe. Le coût du soutien au chômage partiel atteindrait 140 milliards d’euros, 0,9% du PIB.

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