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Les différentes pistes du CMC pour relancer l’économie nationale

3 juin 2020 Libération

La crise économique est bien installée et ses conséquences ne s’atténueraient pas de sitôt, prévient le Centre marocain de conjoncture (CMC) qui anticipe un recul de 4,3% de l’économie nationale en 2020.

« Le choc économique est tellement fort, tel un foyer sismique, que ses impacts dépasseraient la présente année calendaire et ses ondes iraient au-delà pour affecter les performances économiques de 2021 et des années suivantes », affirme l’observatoire privé.
Aussi, si les choses restent en l’état, le rebond substantiel attendu de l’économie mondiale en 2021 et annoncé par les organisations économiques et de conjoncture « ne serait qu’un simple nivellement de la production potentielle pour s’aligner sur l’année 2019 », estime le CMC sans vouloir toutefois paraître pessimiste.

Pour véritablement sortir de cette crise, le Centre appelle dans sa dernière note intitulée «Stratégies de relance» à la mise en place de stratégies conséquentes pour soutenir les entreprises et trouver d’autres organisations et des modes de production susceptibles de faire face à terme à ce genre de crise et aussi pour apporter un fort appui à la demande qui souffre d’une atonie sans pareille.

Ainsi, face à ce résultat qu’il juge déplorable, l’observatoire préconise un ensemble d’actions et de mesures à court, moyen et long termes. 

Concernant les mesures à prendre d’urgence, le Centre plaide en premier lieu pour l’adoption d’«une politique budgétaire plus agressive qu’à l’accoutumée à travers une loi de Finances rectificative consistante soulageant les entreprises et la consommation des ménages sur la base de plans de relance coordonnés ». L’idée étant d’augmenter d’une manière significative le budget du ministère de la Santé en priorité absolue et celui des secteurs sociaux.

Le CMC préconise aussi de prévoir des abattements sur les charges sociales et l’impôt sur le revenu et des moratoires sur le paiement des impôts ; permettre le rééchelonnement ou un différé de paiement des crédits bancaires et de renforcer encore plus le soutien par des prix préférentiels des inputs et des investissements de l’agriculture (semences, engrais, achats d’engins agricoles…).

L’urgence recommande en outre de généraliser la couverture médicale à l’ensemble de la population en profitant du travail de recensement effectué auprès des personnes ayant l’AMO et celles qui sont en dehors.

Pour les analystes du Centre, les autorités devraient également s’appuyer sur la base de données ayant permis la distribution des aides de subsistance pour « étudier la possibilité à partir du mois de juillet de transformer cette aide accordée aux ménages en un système pérenne de primes de chômage ». 

Outre l’assouplissement de la politique budgétaire, ces derniers estiment que la politique monétaire devrait se montrer plus accommodante et innovante que ce qui a été fait à ce jour.
Une parenthèse pour dire qu’en dépit du prix économique à payer, qui s’élève selon le ministre des Finances et de la Réforme de l’administration à 1 milliard de dirhams par jour supplémentaire de confinement total, le CMC pense que la prorogation de trois semaines du confinement constitue « un acte de prudence extrême ». Mieux, « une déclaration de fidélité absolue à la ligne politique poursuivie à ce jour visant à limiter la propagation du virus, à sauver des vies et à protéger la santé des citoyens », a indiqué le Centre marocain de conjoncture (CMC).

Quant à la levée du confinement, « il pourrait s’opérer par région et par province sur la base du niveau du taux de reproduction », affirment les analystes assurant ainsi que pour toutes les collectivités dont le Rt est inférieur à 0,5, le déconfinement resterait possible dans le respect des barrières sanitaires.

En préambule à l’élaboration des stratégies, le CMC plaide à moyen et à long termes pour une accélération des travaux de la Commission spéciale sur le modèle de développement dont les résultats, explique-t-il, détermineront les contours du projet de société souhaité avec plus de précisions et de détails.

Parmi les priorités proposées figurent en bonne place la recherche et le développement dont les activités doivent occuper une place prépondérante dans les modifications attendues des structures productives.

Dans ce second volet, il est question de réhabiliter l’Etat afin de promouvoir les secteurs sociaux, prendre en charge les activités stratégiques et accompagner le secteur privé conditionné par une gestion économique efficiente.

Le CMC plaide aussi pour des secteurs sociaux dont les stratégies devraient intégrer comme priorités fondamentales le développement de la santé, de l’enseignement, de l’emploi, de la sécurité sociale et autres domaines connexes.

Le CMC propose en outre qu’une conciliation harmonieuse et un partage équitable s’instaurent « entre le capital et le travail sous forme de contrat social ou d’accord collectif concerté entre les parties prenantes (les travailleurs, les entreprises, les syndicats et l’Etat)». 

Tout comme il préconise que la priorité soit également accordée au développement rural jugé « incontournable » pour l’économie nationale, réconciliant l’être humain, l’environnement et la productivité des activités économiques durables. 

« Cet espace de vie doit bénéficier de toutes les accessibilités en matière de services de santé, d’enseignement et de loisirs susceptibles de créer une attractivité du milieu et de maintenir la population sur place voire inverser à terme le sens de l’exode », insiste le Centre.
Enfin, le renforcement de l’intégration régionale. Sur ce point, le CMC indique que « le choix de coopération Sud-Sud comme vecteur d’émergence principalement avec les pays subsahariens (en attendant une détente éventuelle pour la construction du Maghreb) constitue un atout considérable à renforcer. 

Par ailleurs, afin de préserver un commerce équitable entre les parties prenantes, il appelle à saisir cette même occasion marquée par des changements profonds dans la restructuration des économies du monde provoqués par la crise, pour revoir les accords de libre-échange déjà établis.

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