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Les promesses de Benchaâboun au patronat

2 juin 2020 L'Economiste

Pour Mohamed Benchaâboun, l'investissement public sera renforcé et devra s'appuyer sur des mécanismes innovants en matière de financement ( Ph. L'Economiste)

Investissement public, informel, administration numérique…Invité au Conseil d'administration de la CGEM, tenu jeudi 28 mai en visioconférence, Mohamed Benchaâboun, ministre des Finances a rassuré le patronat sur l'investissement public: «il sera renforcé et devra s'appuyer sur des mécanismes innovants en matière de financement: les partenariats public privé et des Fonds publics privés quand c'est possible pour les prises de participation dans le capital des entreprises et pour l'investissement».

Ces fonds seront ouverts aux institutionnels marocains et étrangers ainsi qu'aux personnes qui souhaiteraient investir dans les différents sous produits ou sous fonds. Le détail sera décliné dans le projet de loi de finances rectificative. Une chose est sûre, le choix de l'investissement dépendra de l'impact sur l'emploi et tiendra compte de la préférence nationale.

Devant le patronat, le ministre n'a pas hésité à revenir sur les leçons à tirer des mesures engagées. D'abord sur le rôle central de l'Etat et le retour de la confiance dans les institutions. Ensuite, le poids de l'informel dans l'économie et la fragilité structurelle de larges couches sociales. Enfin la rapidité de déploiement des plateformes digitales et leur assimilation rapide.
Benchaâboun a ainsi annoncé deux catégories d'actions post crise : «la première doit être engagée rapidement et devrait permettre à l'économie de reprendre progressivement sa vigueur et la deuxième catégorie doit être également engagée mais ses résultats ne seront perceptibles qu'à terme». En tout cas, des mesures dans ce sens seront introduites dans le projet de loi de finances rectificative.

Sur le court terme, les récentes mesures prises par le Comité de veille économique vont permettre de relancer l'économie. A côté de Damane Oxygène qui a bénéficié à plus de 20.000 entreprises pour près de 12 milliards de DH et 420.000 dossiers de report des échéances de crédit, un crédit additionnel pour le financement du fonds de roulement a été annoncé. «Pour la 1re fois nous garantirons aussi bien la petite que la grande entreprise. Même si c'est un financement de trésorerie, le remboursement est étalé sur 7 ans avec deux années de délais de grâce», a expliqué le ministre.

Les établissements et entreprises publiques bénéficient également de l'appui de l'Etat: une garantie à 100% aux banques pour qu'elles puissent accompagner leurs besoins de liquidité. Des mécanismes pour le renforcement des fonds seront également déployés. Car face à l'accumulation de crédits (Damane Oxygène, Damane Relance..), la situation financière des entreprises peut devenir déséquilibrée se traduisant ainsi par des problèmes de solvabilité.
«Nous allons mettre en place des mécanismes pour accompagner ceux qui le souhaitent en matière de fonds propres ou de quasi fonds propres. Ce sera soit de la dette subordonnée, soit des augmentations de capital classique. Des outils financiers seront prévus dans la loi de finances rectificative», promet Benchaâboun qui a insisté sur les délais de paiement.
«Dans les produits de relance, nous avons insisté sur le fait de devoir payer les fournisseurs. Ce sujet doit être traité avec toute la détermination nécessaire. Sinon toutes nos actions seront vaines si ce problème persiste. J'appelle les grandes entreprises pour qu'elles accordent la priorité à ce sujet. Nous sommes prêts à les accompagner et mettre en place les mesures nécessaires», a soutenu le ministre.

■ Un plan sur l'administration numérique
Il sera annoncé durant les prochaines semaines. «La simplification des procédures de l'administration et l'amélioration de la transparence dans ses relations passe par la digitalisation des process».
■ «Il faut saisir l'opportunité du changement de paradigme»
Pour le ministre des Finances, quatre points doivent être pris en compte durant la période post-covid-19 et la réadaptation de l'économie. Il faut d'abord investir dans « l'homme» et dans «l'économie de l'homme». Ensuite, la décarbonisation de l'industrie sera déterminante dans la compétitivité. L'économie numérique continuera de présenter des opportunités et enfin le pays doit saisir «l'opportunité du changement de paradigme chez nos principaux partenaires notamment européens pour se positionner dans la nouvelle chaîne de valeur mondiale». Celle-ci vise à réduire la dépendance de certains marchés asiatiques et à rapprocher la sous-traitance.
■ Echéances fiscales: «Il n'y a aucune raison pour que les déclarations ne soient pas faites»
Pour le ministre des Finances, «il faut distinguer entre le report des déclarations et des paiements». Le report des déclarations a été fixé à fin juin et « il n'y a aucune raison pour qu'elles ne soient pas faites». Nous sommes prêts à examiner au cas par cas les entreprises en difficulté pour que le règlement s'effectue de manière plus adaptée».
Informel: Un plan dans le projet de loi de finances rectificative
Des mesures relatives à l'amélioration de l'environnement des affaires devraient être initiées rapidement. «Il faut des ruptures positives fortes et le rythme de conduite d'un certains nombre de réformes doit être accéléré. Une des actions phares qui pourrait changer la structure de notre économie est liée à la façon avec laquelle nous allons adresser la problématique de l'informel», indique Benchaâboun. Le secteur devrait être traité dans ses deux dimensions économique et sociale: «Aujourd'hui, deux personnes sur trois travaillent dans ce secteur». Le dossier est jugé complexe et ses enjeux sont importants. Des propositions pour l'intégration de l'informel sont prévues dans le projet de loi des finances rectificative. «L'Etat accompagnera toutes les entreprises qui s'engagent définitivement dans la voie de la transparence, de la bonne gouvernance et de la conformité fiscale», promet le ministre.

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