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Malgré la loi sur les délais de paiement, et tous les efforts mobilisés, le secteur privé est encore loin du compte.

9 déc. 2019 Challenge

C’est devenu une hantise permanente chez les PME et les TPE. Les délais de paiement sont en effet l’une des principales (si ce n’est la principale d’ailleurs) des faillites d’entreprises au Maroc, et face à cela les entrepreneurs ne savent plus à quel saint se vouer. Afin d’analyser de fond en comble cette problématique, le groupe Le Matin a réuni, le 6 décembre à Casablanca, chefs d’entreprises, experts comptables, spécialistes du secteur privé, responsable de la Direction Générale des Impôts (DGI), dans le cadre de son cycle de conférences.

Placée sous le thème « Les délais de paiement inter-entreprises : comment sortir de l’impasse ? », cette rencontre avait pour objectif était de discuter de la problématique et aussi proposer des pistes d’actions visant à réduire l’hémorragie, à défaut de la stopper. Pour Hamid Ben Elafdil, l’Etat doit déjà arrêter de faire un copier-coller des lois françaises en la matière, car la réalité marocaine est bien différente. « La loi sur les délais de paiement n’a pas été pensée pour les entreprises marocaines. Arrêtons de copier les lois françaises. Nous ne sommes pas en France. Nous pouvons inventer des modèles marocains », a souligné Hamid Ben Elafdil, Chairman de Delta Drone Maroc et vice-président de la Fédération du commerce et services (CGEM).

Il a notamment l’accent sur la généralisation de la facturation électronique. « Plus on a la digitalisation du process, et plus on aura de la data qu’on pourra analyser », a-t-il soutenu. De son côté, Amine Diouri (Inforisk) a estimé que si la problématique perdure, c’est n’est pas forcément à cause des lois adoptées, mais plutôt à cause de leur non application. « Au Maroc, il y a un degré de tolérance assez large vis-à-vis des délais de paiement. En France par exemple, la pénalité de retard de paiement a été durcie. En Inde aussi, lorsque vous ne payez pas à temps vos clients, vous risquez une peine de prison. Aujourd’hui, et comme par hasard, l’Inde est parmi les meilleurs élèves en matière de délai de paiement. La Chine aussi a pris des mesures similaires, et est même allée encore plus loin. Toutefois, je ne dis pas que c’est ce qu’il faire au Maroc. Mais, remarquons quand-même que nous avons une tolérance importante », a-t-il fait remarquer.

 « Aujourd’hui, nous avons besoin de mettre en avant les entreprises qui respectent les délais de paiement, mais il faut aussi identifier les mauvais payeurs », a-t-il ajouté. Rappelons que le montant des crédits inter-entreprises a atteint des sommets ces dernières années. Il est en effet estimé à plus de 400 milliards de DH. Et notons que ce sont notamment les PME et TPE qui sont les principales victimes des retards de paiement. Younes Idrissi Kaitouni, Directeur régional des Impôts (Casablanca) a aussi mis en exergue l’importance dans la data pour l’administration fiscale dans son intervention. Il a assuré que le fisc déploie les efforts nécessaires par rapport à cette problématique. Pour sa part, Zakaria Fahim, président BDO Maroc, représentant de l’Ordre des experts comptables a appelé à des initiatives concrètes pour permettre à la PME de respirer. « Quand vous êtes dans une spirale où tout le monde est asphyxié par la trésorerie, il faut remettre les compteurs à zéro et casser cette spirale », a-t-il conclu.

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