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Mohamed Benchaâboun appelle les partenaires sociaux et le secteur privé à un dialogue responsable sur les défis de sortie de crise

10 juil. 2020 Libération

 Le ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l’administration, Mohamed Benchaâboun, a appelé, mercredi à Rabat, les partenaires sociaux et le secteur privé à engager un "dialogue responsable" sur les défis relatifs à la sortie de la crise sanitaire induite par le Covid-19.

"J’exhorte l'ensemble des partenaires sociaux et le secteur privé à engager un dialogue responsable autour des défis économiques et sociaux relatifs à la sortie de la crise, à œuvrer sérieusement pour la mise en place d'un pacte collectif qui place l’intérêt suprême de la patrie au-dessus de toute autre considération et à consentir tout l'effort nécessaire pour surmonter cette conjoncture exceptionnelle et gagner le pari de la préservation des emplois", a souligné Mohamed Benchaâboun lors d’une séance conjointe des deux Chambres du Parlement consacrée à la présentation du PLFR-2020.

Le ministre a, en outre, mis en relief l'importance de tirer les enseignements de cette crise sanitaire, de privilégier l’intérêt suprême de la nation et d'orienter l'intelligence collective de l'ensemble des acteurs, y compris le gouvernement, le Parlement, les collectivités territoriales, le secteur privé et les partenaires sociaux vers l'élaboration de mécanismes à même de permettre de transcender les conséquences négatives de cette crise.
Il a, d'autre part, expliqué que l’économie nationale a été impactée par les incidences négatives de la pandémie en raison de l'ouverture du Royaume sur l'extérieur, comme en atteste la comparaison des données du mois de mai avec celles de l'année dernière, notamment celles relatives aux secteurs les plus touchés, à l'instar de l'automobile, l'aéronautique et le textile-habillement.

Le Royaume, sous la conduite éclairée de S.M le Roi Mohammed VI, a été cité en modèle au niveau international, tant pour la forte solidarité dont ont fait montre les Marocains, que pour sa proactivité et l’anticipation des risques induits par cette crise sanitaire d'envergure ainsi que pour la célérité et l'efficacité dans la prise des décisions audacieuses pour garantir la sécurité sanitaire des citoyens.

Le ministre a, dans ce cadre, passé en revue les différentes mesures préventives mises en place par le Maroc depuis l'annonce de l'instauration de l'état d'urgence sanitaire, rappelant que ces actions prises sur Hautes instructions Royales, ont eu un impact positif quant au renforcement de la confiance dans l'Etat et les institutions et à la résilience des secteurs et entreprises affectés par la pandémie, outre la sauvegarde de l'emploi et du pouvoir d'achat des familles mises en difficulté par cette crise.

Parmi ces mesures, il a cité en premier lieu la décision Royale clairvoyante de créer le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus, qui a connu un fort élan de solidarité inédit de la part du peuple marocain, ce qui a permis de mobiliser plus de 33 milliards de dirhams (MMDH), dont 10 MMDH alloués par le budget général de l'Etat, 1,5 MMDH sous forme de contribution des budgets des régions et 21,5 MMDH de dons injectés par les institutionnels, le secteur privé et les citoyens.

Il a, dans ce sens, relevé que les engagements des dépenses au titre de ce Fonds ont totalisé 25 milliards de dirhams (MMDH), dont 18 MMDH débloqués à ce jour (2 MMDH pour l'acquisition de matériels et équipements médicaux nécessaires à la lutte contre la pandémie et 16 MMDH pour financer les mesures de soutien prises par le gouvernement dans le cadre du Comité de veille économique (CVE).

En outre, un montant de 2 MMDH a été alloué à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) dans le cadre des indemnités du mois de juin des salariés déclarés et une enveloppe de 5 MMDH a été consacrée à la Caisse centrale de garantie pour appuyer les mécanismes de garantie au profit des entreprises, a t-il ajouté, notant que les dépenses du Fonds décaissées à ce jour ont permis l'octroi d'aides financières au profit d'environ 900.000 salariés déclarés à la CNSS et à 5,5 millions de ménages opérant dans l'informel, dont 45% en milieu rural.

Il a également évoqué les mesures prises pour alléger les charges sociales, fiscales et financières des entreprises et faciliter leur accès au financement afin de soutenir leurs trésoreries et les aider à honorer leurs engagements financiers, et ce dans le but de préserver les emplois et renforcer leur résilience face aux conséquences de la crise, notant, à cet égard, que l'opérationnalisation du dispositif "Damane Oxygène" a profité à plus de 45.000 petites et moyennes entreprises pour un montant dépassant les 17 MMDH.

En plus des mesures décidées au profit des salariés, des familles opérant dans l'informel et des entreprises, le ministre a indiqué que des actions ont été prises au niveau juridique et sur le plan de la gestion proactive afin de maîtriser l'impact de la crise sur les réserves en devises du pays et de maintenir la capacité de l'économie nationale à répondre notamment aux besoins alimentaires et énergétiques.

Mohamed Benchaâboun a également noté qu'un total de 4,5 milliards de dollars a été mobilisé jusqu'à présent, en particulier à travers le tirage de près de 3,2 MMDH dans le cadre de la ligne de précaution et de liquidité du Fonds monétaire international (FMI) et de 270 millions de dollars de la ligne de protection contre les risques de catastrophes avec la Banque mondiale, soulignant que ces efforts ainsi que les actions engagées pour mobiliser les financements extérieurs dans le cadre des relations de coopération avec les différents partenaires permettront au Maroc de maintenir son stock de devises pour couvrir 6 mois d’importations.
 
Voici, par ailleurs, les principaux points de la  présentation de Mohamed Benchaâboun devant les deux Chambres du Parlement :

- Le PLFR vise à garantir les mécanismes d'appui nécessaires à la reprise progressive de l'activité économique et à préserver l'emploi.

- La mise en place de mesures pratiques pour améliorer l'efficacité de l'administration et ce, en s'appuyant sur des piliers fondamentaux, à savoir l'accompagnement de la relance progressive de l'économie, la préservation de l'emploi et l'accélération de la mise en œuvre des réformes de l'administration.

- L'élaboration du PLFR se base sur un nouvel équilibre financier qui tient compte de la baisse des recettes budgétaires de 40 milliards de dirhams (MMDH) et de la révision des priorités en réduisant les dépenses de fonctionnement de 4,3 MMDH et en augmentant les investissements du Budget général de 7,5 MMDH.

- Le gouvernement accordera un intérêt particulier au soutien et à l'accompagnement des entreprises nationales touchées par la crise en vue de leur permettre de reprendre graduellement leur activité.

- Les mesures sectorielles vont consolider la mise en place d'une série de mécanismes de garantie des crédits destinés aux entreprises publiques et privées, les très petites, petites, moyennes et grandes. Le taux d'intérêt ne dépassera pas les 3,5%, alors que le délai de remboursement est fixé à 7 ans, avec deux ans de grâce et une garantie de l'Etat variant entre 80% et 95% selon le chiffre d'affaires.

- Afin de soutenir l'accès des entreprises au financement, le gouvernement entend engager une réforme institutionnelle du système national de garantie porté par la Caisse centrale de garantie (CCG) en la transformant en société anonyme. Cette réforme nécessitera une enveloppe de 5 MMDH du Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) et ce, dans l'objectif de couvrir les risques liés au défaut de paiement des entreprises bénéficiaires de la garantie.

- Les entreprises bénéficiaires des mécanismes de garantie sont appelées à préserver les postes d'emploi, à réduire les délais de paiement entre elles à pas moins de 50% des crédits octroyés, ce qui contribuera efficacement à l'accélération de la relance économique.

- L'augmentation des investissements du Budget général de l'Etat à 86 MMDH, ce qui permet de mobiliser 15 MMDH en faveur de l'accélération de la relance de l'économie nationale.

- Un intérêt particulier sera accordé à la promotion du produit local, essentiellement via l'opérationnalisation des mécanismes en vigueur en matière de préférence nationale et de respect des spécifications techniques et des normes et produits d'origine marocaine dans le domaine de la commande publique.

- En application des dispositions de l'article 155 du décret n°2-12-349 du 20 mars 2013 relatif aux marchés publics, les maîtres d'ouvrages sont tenus de prévoir au niveau des règlements de consultation relatifs aux procédures de passation des marchés de travaux et des études y afférentes que les montants des offres présentées par les entreprises étrangères sont majorés d'un pourcentage ne dépassant pas 15% aux fins de comparaison de ces offres avec les offres présentées par les entreprises nationales.

- La pression exercée sur les réserves nationales de change impose de prendre des mesures pour encourager la substitution des importations par la production locale. Dans ce cadre, il est proposé d'augmenter les droits d'importation applicables à certains produits finis de consommation de 30% à 40%, et ce dans la limite des taux consolidés par le Maroc au niveau de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

- Le PLFR propose la réduction des droits d'enregistrement applicables aux acquisitions de biens immeubles à usage d'habitation.

- La préservation des emplois et l'accélération de la mise en œuvre des réformes de l'administration font partie des piliers du PLFR 2020.

- L'opérationnalisation de l'accompagnement spécifique aux différents secteurs sera concrétisée dans un cadre contractuel, avec les différentes parties concernées, en conditionnant l’appui à la reprise économique, par la préservation d’au moins 80% des employés déclarés à la CNSS, et la régularisation rapide de la situation des employés non déclarés.

- La croissance économique est prévue à -5% en 2020 contre 3,7% prévu par la LF initiale et ce, compte tenu de la reprise de l'activité économique depuis le mois dernier et en se basant sur les hypothèses du recul de la demande mondiale adressée au Maroc (hors produits de phosphates et dérivés) de 20%, de la réalisation d'une production céréalière estimée à 30 millions de quintaux et de la baisse du cours moyen du gaz butane à 290 dollars US la tonne.

- Compte tenu de la diminution des recettes du Budget général de l'Etat de 40 MMDH et des mesures prises pour réorienter les priorités au niveau des dépenses afin d'accompagner la reprise économique, le déficit budgétaire se situerait à 7,5% du PIB en 2020 au lieu de 3,5% prévu initialement par la LF.

- Les engagements des dépenses au titre du Fonds spécial pour la gestion du Covid-19 ont atteint 25 MMDH, dont 18 MMDH débloquées à ce jour (2 MMDH pour l'acquisition de matériels et équipements médicaux nécessaires à la lutte contre la pandémie et 16 MMDH pour financer les mesures de soutien prises par le gouvernement dans le cadre du Comité de veille économique.

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