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Ralentissement des créations d'entreprises en 2019

19 févr. 2020 Medias 24

L'année 2018 fut exceptionnelle : les créations d'entreprises avaient augmenté de 17%, marquant la plus forte hausse en dix ans. En 2019, il y a eu un net ralentissement : à peine 1.332 entreprises de plus que l'année d'avant, selon les derniers chiffres de l'Office marocain de la propriété industrielle et commerciale.

On peut considérer que c'est un retour à la normale, d'autant plus que ce sont les régions qui avaient connu une bonne dynamique de création d'entreprises en 2018 qui ont marqué le pas en 2019.

Si Casablanca-Settat poursuit sa progression historique, les régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, l'Oriental et Rabat-Salé-Kénitra ont enregistré une baisse des créations d'entreprises.

Ceci dit, que les créations d'entreprises progressent fortement ou faiblement, l'impact sur la croissance économique, l'investissement et les créations d'emplois demeure invisible.

Selon les chiffres et les prévisions du HCP, la croissance s'est établie à 3% en 2018 et limitée à 2,7% en 2019 avant de rebondir à seulement 3,4% en 2020.

Pour sa part, l'investissement, après avoir crû de 1,2% en 2018, aurait progressé de 2,2% en 2019 et devrait augmenter de 1,8% en 2020.

Quant au chômage, il s'est établi à 9,8% en 2018, à 9,2% en 2019 et devrait atteindre 9,9% en 2020, avec des taux élevés pour les jeunes urbains diplômés. Ceci, sans parler des millions de personnes en dehors du marché du travail.

Il faut savoir que l'investissement public représente les deux tiers de l'effort d'investissement national.

Pour ce qui est de l'investissement privé, à voir la forme juridique et les secteurs d'activité des entreprises nouvellement créées, on peut dire qu'il demeure globalement faible et porté par un nombre limité de grosses structures.

D'abord, sur les 94.206 entreprises créées en 2019, plus de 43.700 sont des entreprises personnes physiques. Sur le reste, 55% sont des SARL à associé unique, et 44% des SARL.

Près de 42% des entreprises nouvellement créées opèrent dans le commerce, 17% dans les services, 16% dans le BTP/Construction et 8,5% dans les transports. Seules 6,8% d'entre elles sont dans l'industrie et à peine 1,85% dans les TIC.

Ces structures sont rigides au changement. D'un autre côté, un nombre important des entreprises nouvellement créées restent des coquilles vides pendant plusieurs années, et parfois disparaissent sans jamais lancer d'activité.

Avec la facilitation des démarches administratives et des conditions légales, créer une entreprise est devenu facile. Trouver un financement, investir, décrocher les premières commandes et se faire payer le sont beaucoup moins.

Par ailleurs, une grande partie des entrepreneurs personnes physiques se lancent par contrainte faute d'avoir trouvé un emploi salarié. Et si leurs entités démarrent effectivement une activité, celle-ci reste souvent précaire, peu créatrice d'emplois et engage peu d'investissements.

A fin 2019, le Maroc compte près de 1,8 million d'entreprises immatriculées, dont les deux tiers sont des personnes physiques. 84% réalisent un chiffre d'affaires inférieur à 3 MDH et 93% moins de 10 MDH. 62% sont âgées de moins de 10 ans.

En ce début d'année 2020, le Roi Mohammed VI a lancé le programme intégré d'appui et de financement des entreprises. Il cible les jeunes, les TPE, l'informel, le monde rural, et comprend financement et accompagnement. Tous les acteurs publics et privés concernés de près ou de loin par l'entrepreneuriat semblent mobilisés pour créer un "choc entrepreneurial".

Par ailleurs, une stratégie nationale de l'entrepreneuriat est en cours de préparation par le ministère des Finances. Il reste à voir l'impact de ces stratégies et programmes sur les chiffres des créations d'entreprises, l'investissement et l'emploi.

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