Finalisé le 20 mai dernier à l’issue du transfert de la chambre des conseillers à la 1re Chambre du projet de loi 40-17 relatif au statut de Bank Al-Maghrib (BAM), la version finale de la nouvelle législation semble convaincre les membres des deux instances législatives. La Commission des finances au sein de la chambre des représentants indique dans son rapport que le consensus a largement dominé à l’issue de l’examen de la version des conseillers avec une seule voix contre 15 pour le projet et 7 abstentionnistes au sein de la commission. Au total, ce sont 14 articles qui ont été révisés lors de la 2e lecture des conseillers, sachant que 17 articles ont été amendés lors de la 1re lecture, dont «certaines lectures visent à apporter des correctifs majeurs au projet», souligne le rapport.
Ainsi, 31 amendements ont été apportés au texte au moment où une seule disposition, en l’occurrence l’article 26 portant sur la nomination des membres dirigeants n’a pas été amendé «car l’article 19 de la Constitution qui instaure la parité n’a pas précisé que cette exigence doit faire partie de l’ensemble des textes législatifs». À noter que l’ultime disposition de la nouvelle loi prévoit de manière expresse qu’en dépit des mesures prévues par le 1er alinéa de l’article 26, les 6 membres désignés par le chef du gouvernement continueront à exercer leur fonction de manière provisoire jusqu’à leur remplacement. Toujours pour ce volet, le rapport note que lors de son explication des motifs d’acceptation de l’amendement apporté à l’article 30, le ministre de tutelle a précisé que l’amendement vise à nommer le wali de BAM pour 6 ans avec la suppression «d’une seule fois», qui a été approuvée par la chambre des représentants lors de la 1re lecture». Le rapport ajoute que la nomination du wali «entre dans le domaine de compétence du roi et que la fixation du renouvellement une seule fois est contraire aux dispositions constitutionnelles». Les députés ont pour leur part cité plusieurs instances constitutionnelles qui ont précisé dans leur statut que leurs présidents sont désignés pour un seul mandat, notamment le conseil de la concurrence alors que d’autres interventions ont insisté sur le fait que la cour constitutionnelle est la seule instance qui se prononce sur la constitutionnalité des lois. À l’issue du débat, l’amendement présenté au niveau de la 2e Chambre a été refusé, «ce qui a permis à la Chambre des représentants de garder la version adoptée lors de la 1re lecture en ajoutant la phrase «une seule fois» dans l’alinéa premier ».
Les enjeux pour les députés
Ce sont au total 5
chantiers qui ont focalisé le débat au sein de la commission,
essentiellement la proposition au gouvernement de toute mesure visant à
maintenir la stabilité financière ainsi que les prises de participation
dans les établissements de crédit «dans un contexte de gestion des
risques systémiques et de résolution des crises bancaires», selon la
version finale de la loi. Un accent particulier a été aussi mis sur les
dispositions portant sur le renforcement de l’indépendance de la Banque
centrale en matière de conduite de la politique monétaire. Le nouveau
statut prévoit également une concertation régulière entre le ministère
des Finances et le wali de BAM et ceci «dans l’objectif d’assurer la
cohérence de la politique macro-prudentielle ainsi que celle de la
politique monétaire et l’exercice des autres métiers de la banque». En
contrepartie du renforcement de son indépendance, la version finale de
la loi instaure l’audition du wali par les commissions permanentes
chargées des finances du Parlement sur la politique monétaire et
l’exercice des autres missions. Il est à retenir que le nouveau statut
permet à BAM d’être représentée au sein du Comité de coordination et de
surveillance des risques systémiques et de proposer toute mesure au
gouvernement dans le but de maintenir la stabilité financière.
Concernant le conseil de la banque, l’élargissement des prérogatives a
été aussi acté, notamment la définition des instruments d’intervention
qui lui paraissent adaptés aux spécificités des banques participatives
et la fixation des modalités d’utilisation des réserves de change dans
l’objectif de préserver la valeur du dirham.
La version finale de la loi propose l’institution du Comité monétaire et financier, le comité de stabilité et celui d’audit. Il s’agit d’organes qui sont chargés d’assister le wali dans les domaines qui sont directement liés aux missions fondamentales de la Banque centrale. Concernant le comité d’audit, il devra se composer au moins de deux membres du Conseil d’administration. Ce comité est chargé d’émettre des avis au wali et au conseil de la banque sur les questions relatives à l’information comptable, l’audit interne et externe et la maîtrise des risques. Enfin le contrôle de la Cour des comptes sur BAM a été également prévu par l’article 44 de la version finale du statut.